Ce second éclairage, apporté par l’enquête que nous réalisons chaque année, va porter sur les modalités déployées dans les dispositifs de formation des différents pays interrogés.
Le présentiel est-il toujours aussi haut ? Les modalités émergentes décollent-elles enfin cette année ? Le e-learning a-t-il encore sa place dans le mix ?
Le boum du tutorat et du blended
La même question est posée depuis 3 ans ce qui nous donne un courbe intéressante à décrypter :
Le présentiel reste toujours installé comme modalité prioritaire à plus de 90%.
On note cette année encore une progression du tutorat coaching (passant en 2 ans de 35 à 47%) et de la formation blended (passant en 2 ans de 31 à 39%).
Le tutorat est une problématique qui intéresse de plus en plus d’entreprise : que ce soit pour sélectionner des tuteurs, les former ou plus largement définir une politique tutorale. En France les accords seniors incitent à recourir à des tuteurs pour capitaliser les savoirs et les transmettre aux nouveaux embauchés.
La courbe du e-learning est stable par rapport à 2011 et progresse légèrement par rapport à 2010, le format e-learning seul existe dans l’offre au sein des entreprises mais son intégration dans des parcours multimodaux est privilégiée.
Dernier chiffre, presque 1 salarié formé sur 5 (19%) a eu accès aux 4 modalités indiquées sur les 3 dernières années.
Il n’y a qu’en France et en Allemagne que le taux de formation en salle reste à peu près constant : il baisse d’au moins 3 points dans tous les autres pays (-6% en Espagne, -5% en Italie).
Le tutorat coaching augmente fortement en UK et en Espagne. Le blended augmente en France (23 à 28%), en Allemagne (32 à 36%), en UK (46 à 50%), et en Espagne 33 à 43%).
La France reste donc un pays historiquement présentiel et qui est encore en retrait sur les autres modalités malgré une progression.
Au sujet de la satisfaction, nous notons un élément très intéressant : elle est indépendante de la CSP.
Les médias sociaux encore peu utilisés dans les dispositifs de formation
Les résultats sont très proches de l’année 2010, on peut être surpris qu’ils ne progressent pas plus vite alors que l’engouement pour les différents médias ne cessent de croître (500 millions de comptes Twitter !).
Une explication se trouve certainement dans les problématiques à la fois technique pour implanter des solutions de RSE (Réseaux Social d’Entreprise) et social (contrôle de ce qui est écrit…).
Ces outils collaboratifs attirent beaucoup de personnes mais il est encore difficile de motiver certains à l’écriture (problème de reconnaissance, place de la valeur collaboration dans l’entreprise, exemplarité des managers…).
Les pays qui expérimentent le plus ces solutions sont l’Italie et l’Espagne et la France est décalée par rapport à la moyenne.
Les modalités telles que la visio, le serious game et le mobile learning continuent leur progression
En France, lorsque nous formons à distance nous utilisons plus que les autres pays des modules e-learning et du serious game (le jeu vidéo est une vraie expertise française !).
La visioformation, les serious game et le mobile progresse plus rapidement que les simples modules e-learning.
On assiste à une maturité des solutions de visio, une démocratisation des jeux sérieux dans le grand public (le dernier est par exemple celui de l’Apec pour gérer son parcours professionnel). Le mobile doit puiser une partie de sa progression dans le déploiement des tablettes tactiles qui se positionnent comme une alternative au PC (on constate les prises positions d’acteurs comme Apple ou les éditeurs type Pearson dans le monde du learning).
Les DRH sont 45% à avoir pour préférence des contenus standards et 18% cherchent des modules spécifiques à l’entreprise. Les français confirment la tendance des années précédentes avec moins de standards (39%) et plus de spécifiques que la moyenne (26%)
Les salariés en quête d’un professionnel pour les accompagner dans leurs progressions
Les salariés qui aiment le mieux apprendre sur le terrain : les français (56%), suivis par les britanniques à 55% ! Le moins : les allemands, 27%.
Les salariés qui aiment le mieux apprendre en formation « formelle »: les allemands (73%), le moins : les français et les britanniques (44 et 45%).
Ces résultats sont quasiment l’inverse du système éducatif (plus formel en France et terrain en Allemagne).
Lorsque l’on questionne les salariés sur la formation terrain, presque tous préfèrent être guidés par un coach ou un tuteur, sauf les britanniques, qui mettent le manager en 1er (pour les français, il vient en dernier !)
Or, les DRH/ RF optent en majorité pour un accompagnement par le manager, suivi du coach / tuteur, puis seul, et enfin par un collègue.
Conclusion
La multimodalité devient au fil des années une vrai réalité, la conception de dispositif faisant appel à différents levier pédagogique au fil du temps nécessite la mise en oeuvre d'un accompagnement par des "professionnels". L'attente des salariés pour plus de "formation terrain" témoigne de leurs volontés d'ancrer les apprentissages dans le concret et l'opérationnel.