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Tout est parti d’une question d’un de nos managers nouvellement arrivé à Energy Formation : « Que se passe t’il dans la tête du stagiaire qui passe dans notre simulateur ? » Étonné par la question, je me surprends de ma réponse : « pour apprendre il faut sortir de sa zone de confort, en contre partie pour apprendre il est nécessaire d’être dans un univers sécurisant »...

L’enjeu du pédagogue est de trouver la juste distance entre les deux ». Passé l’effet de surprise, je décide de creuser. Me reviens en mémoire une conférence de Michel ONFRAY parlant du paradoxe du hérisson de Schopenhauer. J’avais trouvé l’analogie un peu complexe et l’avais traduite par une métaphore de mon cru : "le feu de camp où, si nous sommes trop prêt nous avons trop chaud, et trop loin trop froid."

L’utilisation du paradoxe aurait-il une vertu pédagogique ?

Paradoxes et apprentissages

Le métier de formateur est certes une activité de contact, de communication, néanmoins, celui-ci est bien souvent seul. Seul dans ses pratiques, seul face aux objectifs à atteindre, seul face au groupe… paradoxe entre solitude au milieu des autres, car il existe une nécessaire distance entre lui et l’apprenant.

Pour poursuivre, le rapport du stagiaire au formateur, l’apprenant voit le plus souvent le formateur comme un « sachant » tout puissant. Face à cet écart de perception pouvant générer des situations paradoxale, le formateur, de par sa posture, à tout intérêt à déminer le terrain avant d’attaquer les travaux.

Comme la majeure partie des salariés aujourd’hui, l’accélération des technologies, des rythmes de nos vies, le formateur est tenu d’être à la fois mobilisé et autonome.

Dans le même esprit, nous sommes constamment assaillis d’injonctions paradoxales ou pour utiliser une autre formulation, la double contrainte. Faire plus et mieux avec toujours moins, tel est le sens de la productivité. Le client est roi, il faut pourtant apprendre à lui dire non…

Alors comment s’y prendre ? tentons de partager un moyen d’en sortir.

Comprendre le paradoxe

De fait, le paradoxe, l’apposition de cette apparente opposition, révèle le plus souvent une dimension supérieure à ce qui nous est donné de voir. En d’autres termes, comprendre le paradoxe peut nous conduire plus loin une fois l’effet de surprise passé.

Pour ma part, le paradoxe est un puissant stimulant pour la réflexion, dit autrement, l'identifier peut nous permettre d’aiguiser notre regard sur ce qui nous entoure.

Une fois le paradoxe repéré, il est possible de poser le problème en trois temps. Effectivement, comme nous l’avons vu, le paradoxe peut être une idée ou une formulation qui contient ou semble contenir une contradiction logique.

  • Dans un premier temps : la thèse, étudier la première partie du paradoxe, détailler ses arguments, disséquer sa teneur,
  • Puis dans un deuxième temps : l’antithèse, même traitement,
  • Et enfin la synthèse : prendre de la hauteur et tenter de démêler les fils.

Un exemple suggéré par Mathilde Bourdat :

  • La thèse : les durées de formation se raccourcissent, ce qui limite les temps d’échanges entre pairs, d’entrainement, et donc s’oppose à la fameuse « autonomisation » de l’apprenant,
  • L’antithèse : les Technologies de l’Information et de la Communication nous permettent de fonctionner en classe inversée – l’apprenant prend connaissance du contenu à distance, et le temps de formation en présentiel peut de nouveau être centré sur l’entrainement.
  • La synthèse : lorsque les contraintes autour du formateur évoluent, il est indispensable de penser différemment les solutions pédagogiques, pour ne pas se laisser enfermer dans les paradoxes.

Nous pourrions certainement trouver d’autres paradoxes appliqués à la situation du formateur …

L’étude d’un paradoxe ne permet pas toujours de trouver une solution, mais il est, pour moi, utile à la prise de distance.

La paradoxe comme carburant ?

De mes observations, très tôt j’ai pensé que l’Homme est un animal paradoxal par essence ; animal au sens éthologique, étude des comportements des animaux, paradoxal au sens d’une contradiction logique, enfin par essence par sa nature intrinsèque.

Mais pour poursuivre la métaphore, essence aussi tel le carburant, comme si le paradoxe pouvait être un carburant pour l’action, avec un accélérateur pour avancer et un frein pour ralentir. Le paradoxe pourrait être perçu comme un outil de régulation des systèmes.

En d’autres termes, penser chaque paradoxe comme un concept du vivant permettant d’identifier les différentes forces opposées en présence et d’en mieux comprendre le fonctionnement, la vie - la mort, le Yin - le Yang, le plus - le moins, la lumière - l’obscurité, éros - thanatos… et de savoir que les deux sont nécessaires pour que cela fonctionne, comme si 1 + 1 = 3. L’opposition de ces forces, la résistance de l’une par rapport à l’autre provoque une mise en tension, génère de l’énergie, anime le vivant.

Finalement, qu’est ce que le paradoxe, une figure de style, un aiguillon de la pensée, un catalyseur permettant d’avancer ? Je vous laisse vous faire votre propre opinion et bonne chasse !

 

Et vous, quels paradoxes avez-vous rencontrés dans votre mission de formateur ?

Ecrit par

Franck Dubois

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