Une expérience avec un manager pas brillant et insupportable
Vous vous souvenez sans doute du billet d’Ariane Ounis paru début février. Ariane nous avait raconté sa collaboration avec son manager brillant, mais insupportable et son intention de mieux s’affirmer à l’avenir.
Suite à ce billet, j’ai reçu un autre témoignage. C’est celui de Syvie. À 53 ans, Sylvie est assistante de direction senior. Elle nous fait part de sa collaboration difficile avec son 6e manager. Un manager insupportable et qui n’est même pas brillant.
Vous pourrez constater que Sylvie trouve un intérêt suffisant dans son travail pour supporter la situation.
"Je suis assistante de direction trilingue allemand-anglais-français et senior dans une grande entreprise très renommée. Mon manager est également senior. Nous sommes perçus comme « un vieux couple » puisque nous avons 15 ans de marche commune, mais pas main dans la main tout le temps.
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Première expérience professionnelle
Décidément, depuis mon entrée dans le monde du travail, je n’ai pas eu la chance de travailler en parfaite symbiose avec un manager brillant et supportable que l’on rencontre au matin avec plaisir.
Mon premier manager (j’avais 22 ans et mon diplôme BAC + 5 en poche) était Président allemand de son agence de Publicité franco-allemande : il dictait très vite, les pieds sur son bureau, des courriers personnels sur sa piscine. J’étais chargée d’apporter soit le thé ou le café le matin, c’était la grande question du jour. Il me répétait sans cesse : « on ne mélange pas les torchons et les serviettes : vous êtes un torchon ». Au bout d’un an de galère et de 3 courriers, j’étais licenciée. J’ai compris après : il avait un enfant mongolien et ne supportait pas la jeunesse.
27 ans d’expérience et 6 managers différents
Mais l’entreprise dans laquelle je suis maintenant depuis 27 ans avait répondu à ma candidature spontanée. En 15 ans, j’ai eu 5 postes différents avec des managers aux personnalités différentes. Mais je voudrais m’attacher à mon vécu avec mon manager actuel, le sixième.
Celui-ci n’est pas non plus brillant ni supportable, mais il a le mérite de se donner les moyens pour diriger son équipe (40 collaborateurs) au mieux, de me permettre d’avancer, et de m’offrir la cotisation EUMA*.
DUT en poche, il a poursuivi sur sept années Outre-Rhin et a monté les échelons pour devenir notre Directeur.
Une collaboration difficile
Le niveau de mes études ne représente rien pour lui car c’est une personne intéressée seulement par ce qu’elle connaît de près. Hors le travail et le vélo, il n’a aucun centre d’intérêt. Aussi, on ne peut échanger sur les lectures (newsletters EUMA*par ex. : je mets tout en œuvre pour lui donner envie d’en prendre connaissance ; ensuite on en parle, et pour moi c’est un franc succès, mais c’est tellement rare …). Il lit les dossiers avec lenteur : j’essaie de lui donner quelques éléments que j’ai appris sur la lecture rapide.
Le point régulier du matin se fait autour d’une mastication de pomme et un capuccino au chocolat dont l’odeur me met mal à l’aise. J’ai laissé à maintes fois passer le message que nous pouvions nous rencontrer quand son estomac serait calmé, il ne l’entend pas de cette oreille : il en va de même après le déjeuner avec la tablette de chocolat.
Il s’épanche sur sa vie personnelle et gère du coup mal son temps en étant obligé de travailler le week-end à la maison. Il s’ensuit un surmenage qui le fait s’endormir l’après-midi. On me demande pourquoi je continue à rester son assistante, il a mauvaise presse.
Il travaille à l’ancienne en me confiant la composition des numéros de ses correspondants internes ou externes. J’ai toujours le bon réflexe de demander l’objet de l’entretien pour garder contenance et toujours m’intéresser au suivi de ses affaires.
Rester professionnelle et positive
Pendant ces 15 ans, j’ai bien réfléchi. Je suis à son écoute, je remets les pendules à l’heure et frappe du poing sur la table dès que les règles du jeu ne sont pas respectées. En effet, parfois, c’est simplement pour me contrarier ou voir ma réaction qu’il n’accepte pas les propositions de dates pour des réunions à une dizaine de personnes, pas faciles à organiser. Je parviens à exprimer ce que je ressens de manière directe, sans conflit larvé. Je reste professionnelle et laisse mes émotions de côté grâce à une vie après le travail bien remplie me permettant de m’élever vers d’autres horizons et de rencontrer des personnes saines.
Je ne garde que le positif de chaque journée remplie d’organisation de réunions, traductions trilingues, relecture de documents trilingues des collaborateurs. Je suis aussi relais HSE (Health Security Environment) : je contacte ainsi d’autres départements et j’ai des tâches qui changent de l’assistanat.
Être proactive
En lisant, vous avez compris que je suis une assistante proactive n’aimant pas les discours directifs. Aussi, quand mon manager me demande, lors de déplacements, de mettre les impressions sorties des imprimantes sur son bureau, je procède ainsi : j’agrafe le dossier complet et je perfore les paquets de pages, et je dépose dans le tiroir.
Une autre expérience : j’ai organisé un voyage d’affaires de 25 directeurs d’usines européens à Paris (hôtel, car, bateau mouches, restaurant). Eh bien, j’ai réussi à faire passer un exposé de 10 pages en allemand pendant le trajet entreprise-hôtel sur Paris et les Parisiens. Personne ne me l’avait demandé et j’étais enchantée de l’effet produit avec les applaudissements !!
Se transformer pour transformer le monde
Chaque jour, je mets en pratique les formations CEGOS et DOCENDI qui m’aident à améliorer le savoir-faire et le savoir-être.
« C’est en me transformant moi-même que je transforme le monde qui m’entoure » (extrait de Devenez la source de votre abondance de Sanaya Romon). A 53 ans, je n’ai plus beaucoup d’années pour continuer à transformer mon manager ! Et moi, je continue dans cette démarche. Un 7ème manager se profilera peut-être à l’horizon et sera enfin brillant et supportable ? Actuellement, je vis dans l’instant et je prends les côtés positifs que j’ai rapidement énumérés ici.
Nota : EUMA
Association Européenne des Assistantes de Direction « European Management Assistants »
Je suis membre active de l’Association depuis plusieurs années. Des collègues, puis Assist’ Expo m’en ont parlé à l’époque. Le réseau actif permet de nouer des contacts professionnels et amicaux et de continuer à se former grâce à des colloques organisés à l’étranger ou à des séminaires organisés au Novotel des Halles à Paris. Le site internet de l'EUMA est incontournable.
N’hésitez pas à faire connaître EUMA et à demandez à vos entreprises de vous offrir le paiement de la cotisation !