Les funambules sont des artistes poètes, et pourtant dans leur prestation, pas un mot, tout est dit par le corps qu’accompagne souvent une musique légère.
Tout ce qu’ils font sur leur fil, leurs réussites leurs échecs, passent par la façon dont leur mental maitrise au millimètre près leur gestuelle corporelle. On peut faire un corollaire entre les émotions qu’ils transmettent à leur public grâce à cette maitrise corporelle et ce que l’on appelle la force du non verbal dans nos communications humaines.
En équilibre « au-dessus ».
Tout d’abord le funambule doit affronter le vide, il est « au dessus » marchant sur un fil, il a dû vaincre sa peur de tomber, voire son vertige.
Ensuite sa mission est de garder l’équilibre quelque soit la hauteur entre son fil et le sol :
- Les aléas (glissement des pieds, oscillations du fil…)
- Les interventions des partenaires avec qui il faut échanger des objets, jongler...
- La prise en main de la barre qui permet d’aller plus vite d’un point à l’autre et de mieux trouver sa place dans l’espace.
Puis, en général, son partenaire lui passe un vélo (son outil). Alors, en pédalant, il peut faire preuve de tout son art, pédaler seul ou à deux, pédaler tout en jonglant avec des balles, des assiettes...
La difficulté augmente progressivement, en fonction de sa force, de sa maitrise de son art : il pourra même aller jusqu’à embarquer sur son vélo plusieurs partenaires.
Orienté vers l’objectif et contact avec son environnement
Le funambule pour tenir debout ne quitte jamais de vue son objectif : la plate forme à l’autre bout du fil. Pour atteindre la maitrise qu’il montre en représentation, il a énormément travaillé, s’est entrainé, mille et mille fois, a chuté, s’est blessé et a fini par se sentir assez confiant pour mener son show tous les jours et sans cesse l’améliorer.
Le funambule doit tenir compte du haut (les objets avec lesquels il jongle) et du bas (son « vélo outil »). Il doit également tenir compte de ses partenaires et avoir confiance dans leurs capacités à le soutenir, l’assurer dans les phases difficiles, et lui passer les bons accessoires au bon moment.
L’apprentissage de la confiance en soi
Il a développé ainsi, de la confiance en soi (je peux le faire malgré les aléas, les imprévus), une certaine sérénité (je sais me relever de mes erreurs et reconstruire), une flexibilité corporelle et mentale qui lui permet de faire face à sa situation fragile, aux événements inattendus et inquiétants qui peuvent survenir.
Ce qui m’a toujours frappée en observant les funambules, c’est leur expression qui montre à la fois la forte attention et concentration qui est le socle de leur réussite, mais qui dégage aussi une physionomie souriante, avenante.
Si certains funambules exercent sous chapiteau, d’autres expérimentent des traversées bien plus périlleuses et se confrontent aux éléments naturels, aux conditions météorologiques, aux vents porteurs ou contraires, ils tentent l’aventure.
Les trois piliers de la réussite
Le funambule nous fait passer ses émotions : nous l’admirons pour son courage et sa dextérité. Nous avons aussi peur pour lui de temps en temps, mais nous nous disons que si il fait cela c’est « qu’il sait ce qu’il fait, ou il va et pourquoi il le fait »
Il a développé des compétences multiples, proches de celles que l’on exerce dans son métier de manager : Il maitrise son domaine (c’est un expert), il sait rester concentré sur son objectif, il entre en contact de façon efficace avec ses collaborateurs, il s’adapte aux situations, il tient compte de ce qui se passe au dessus de lui et autour de lui.
Et il réussit à nous captiver par son apparente sérénité face à cette posture contre nature qui est de progresser sur un fil tendu… Trois piliers de comportement le caractérisent : souplesse, communication, entrainement permanent.