Tous les auteurs du blog du management vous souhaitent une belle année 2016 ! Nous avons décidé de redémarrer cette année avec un sujet en mouvement : l'impact du non verbal dans le relationnel du manager.
L’action managériale nous semble bien souvent un exercice cérébral qui fait appel à nos compétences intellectuelles et à notre intelligence des situations. En revanche être manager aujourd’hui ne nous apparaît pas forcément comme une expérience mettant en jeu notre corps.
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Pour construire et développer son leadership, pour renforcer son efficacité professionnelle, être un manager attentif et attentionné, il faut agir avec tout son être, considérer le corps dans sa globalité, « ce corps qui est l’image de l’âme humaine » selon Wittgenstein.
Ecouter son propre corps
Quand nous sommes au travail ou quand nous nous déplaçons pour nous y rendre, notre corps nous renseigne bien souvent sur nos sensations, nos désirs, sur nos besoins à satisfaire, sur un ajustement à opérer. Nous savons bien à quoi ressemblent les premiers signes de la fatigue et du stress : battements du cœur qui s’accélèrent, tensions musculaires, maux de tête, insomnie.
Le stress affecte l'esprit, le comportement et aussi le corps de diverses manières. Nous devons donc être attentifs à ce corps qui nous parle, aux signaux qu’il nous envoie pour y apporter à temps les réponses adaptées : souffler, s’oxygéner à la pause déjeuner, ne pas faire l’impasse sur son activité sportive préférée, respecter son rythme, plaisanter et rire avec ses collègues, chanter…
Regarder les corps parler
Paul Valéry disait « ce qu’il y a de plus profond dans l’homme c’est la peau ». Des managers attentifs me disent souvent en séance de coaching : « elle était rouge écarlate » ou « il était devenu tout gris».
Prendre le temps de regarder, d’observer, d’écouter avec tous nos sens nos collègues ou nos collaborateurs nous renseigne bien souvent sur le fait qu’ils soient « bien dans leur peau » ou pas. Etre attentif au langage non verbal , à la position du corps d’un collaborateur lors d’un entretien, aux expressions du visage, aux tics, aux mimiques, à la modulation de sa voix, aux petits gestes permet aussi de nous éclairer de façon différente, de comprendre le sens de ses propos et de mieux interagir avec lui.
La synergologie qui est une discipline nouvelle a même construit la première nomenclature des réactions corporelles humaines en classifiant et décryptant les mouvements et attitudes comme le fait d’incliner la tête sur le côté, de lever le sourcil droit, ou se gratter le bout du nez…
Ajuster sa posture corporelle
Trouver le juste positionnement, la bonne distance avec son équipe n’est pas non plus qu’une attitude intellectuelle ou un état d’esprit.Dans la relation quotidienne, nous impactons nos équipes autant qu’elles nous impactent par le sourire, un geste, un regard, une poignée de main.
La proxémie (étude du rôle des distances dans les relations interpersonnelles) nous apprend que les distances varient.
Selon l’origine culturelle : les Latins apprécient une forte proximité alors que les Japonais sont soucieux de garder une certaine distance.
Et selon le type de relation entre les personnes : lors d’un entretien individuel, nous avons tendance, naturellement, à nous synchroniser avec notre interlocuteur, si nous sommes d’accord avec lui ou à prendre du recul si nous sommes en désaccord.
Pour favoriser l’écoute et la coopération ou résoudre un problème, pensez à laisser physiquement de l’espace à l’autre, à vous mettre en concavité en vous adossant au fauteuil, en laissant des silences, pour le laisser s’exprimer ou réfléchir.
Engager tout son corps pour s’exprimer en public
Prendre la parole est un acte physique qui engage tout le corps : le visage, les yeux, la langue, les joues, les poumons, les bras, les jambes, le bassin, les épaules.
Et l’impact que nous produisons quand nous parlons en public est d’autant plus fort que nous sommes conscients que nous engageons tout cela, qu’une harmonie se crée entre ce que nous disons, (avec les mots que nous employons), ce que nous pensons (que le ton exprime) et ce que nous ressentons (que le corps révèle).
S’ancrer au sol, regarder notre auditoire, être droit et stable, respirer, avoir des gestes souples, travailler sa voix, prendre plaisir à se mettre en scène, cela s’apprend. C’est un entraînement comme pour une activité sportive.
En conclusion, voici quatre points d'ancrage pour prendre ce début d’année… à bras-le-corps :
- Prendre soin de soi, se relaxer et méditer pour renforcer ses capacités attentionnelles, pratiquer l’activité sportive qui nous convient, accepter les choses comme elles sont et vivre l’instant présent,
- Traiter les membres de l’équipe comme des personnes à part entière, les percevoir dans toutes leurs dimensions : tête, esprit, cœur et corps,
- Expérimenter ce que nous apprenons : incarner ce que nous pensons,
- Ne pas tout intellectualiser et laisser notre corps penser, comme le dit François Roustang.