Tu m’entends ? Non je t’écoute !
Sauf à vivre seul sur une île déserte, nous sommes tous en relation avec un nombre plus ou moins important de personnes. Et le propre de cette relation est d’échanger des informations. Et c’est un des besoins humains les plus basiques que d’être compris et de comprendre.
Or le meilleur moyen de comprendre c’est d’écouter comme le disait à sa façon Pierre Dac :
Écouter les autres, c’est encore ma meilleure façon d’entendre ce qu’ils disent."
Pendant plus de 10 ans j’ai eu l’occasion d’accueillir chez moi des gens que je ne connaissais pas et qui venaient pour parler de choix de vie extrêmement importants pour eux.
Nombre de fois quand j’entendais la sonnette, j’aurai aimé être ailleurs, lire un bouquin, écouter de la musique voire végéter devant la télévision.
Se passait alors un phénomène que j’ai mis un certain à repérer : au moment où je mettais la main sur la porte pour ouvrir, un vide se faisait à l’intérieur de moi et un grand calme m’envahissait. Avec le recul, je me suis dit que c’était une forme de « préparation », comme si, alors que j’étais « dé rangé », une partie de moi faisait du ménage pour préparer de la place à celui qui arrivait.
Et en même temps une forme d’attention et de curiosité s’installait. Si je dois y mettre un mot aujourd’hui, je parlerai de Présence.
Dans les échanges qui s’installaient, là encore j’ai pris conscience de plusieurs choses :
Je commençai souvent par accueillir, manifester du plaisir à cette rencontre ;
Puis je posais des questions simples et directes plutôt informatives et peu implicantes. J’accusais réception des réponses.
En fait, je cherchais à créer la relation en installant un climat de confiance en donnant toute mon attention à mon interlocuteur.
Si je relis, la suite des échanges, je réalise que j’étais guidé par une intention : chercher à comprendre.
J’ai réalisé avec le temps et avec beaucoup de force que mon intention précède mes comportements et vient les habiter et les nourrir. Et cette intention est perçue, ressentie par mon interlocuteur.
Je pose des questions pour chercher à comprendre. Je fais attention dans mes formulations à être respectueux. J’attends la réponse et l’écoute avec attention.
Quand je ne comprends pas, il m’arrive de poser une question complémentaire, de faire préciser un point ou même de reformuler ce que j’ai compris et là où je n’y arrive pas.
Je me suis rendu compte aussi que j’écoutais à plusieurs niveaux en même temps :
Les phrases et leur sens ;
Les mots « forts » ou récurrents ;
La musicalité de ce qui était dit : force de la voix, rapidité, intonation …
J’écoutais aussi avec les yeux, observant les gestes et comportements de mon interlocuteur.
A certains moments, il m’arrivait même d’entendre ce que j’appelle la « rivière souterraine » : ce qui n’est pas dit et qui apparaît en « creux » ou l’émotion qui vibre en-dessous.
J’ai oublié de préciser que quand je cherche à comprendre je ne juge pas. Je suis simplement et uniquement centré sur la compréhension.
Cela se fait parfois sans effort, quasi naturellement, mais à d’autres moments c’est plus laborieux voire stérile. J’ai aussi découvert a posteriori que certaines discussions que j’avais ressenties comme pauvres, difficiles ou ratées avaient été pour mes interlocuteurs très fertiles.
Je vous livre ce qui me semble la définition que je pourrai faire de l’écoute :
"Écouter, c’est se rendre disponible physiquement,
intellectuellement et affectivement pour percevoir, par tous les
sens, les informations dîtes et non dîtes par l’interlocuteur dans
un esprit de bienveillance véhiculé par son attitude."
Dr Louis Puybasset (Pr anesthésie-réanimation à la Salpêtrière)