Le marketing de l'art : réinventer l'approche artiste-acquéreur
"Marketing de l'art" ? La création artistique ne se marierait pas avec le marketing ? Une conviction reste bien ancrée: l'artiste crée une oeuvre qui est une projection de lui-même, comme l'affirma Picasso "Le moi intérieur, il est forcément dans ma toile, puisque c'est moi qui la fais." Et cette création paraît aux antipodes de la création d'un produit marketing. Et pourtant...Un marché de l’art existe, plutôt tourné vers lapromotion, et on comprend assez bien qu’un artiste puisse être guidé par un agent, puisse commercialiser ses œuvres grâce à des galeristes et puisse se faire connaître grâce à des actions de communication. Le galeriste connaît le marché de l’art, les cotes et les tendances. Il choisit les artistes en fonction de tout cela et du gout des collectionneurs. L’agent d’artiste fonctionne avec un réseau de collectionneurs et de galeries, avec lesquels il va promouvoir ses artistes.
Une nouvelle approche du Marketing de l’art, plus fine pourrait permettre de dépoussiérer un mode qui est aujourd’hui soit élitiste, soit restreint à des initiés. « Réinventer un nouveau modèle dans lequel la galerie est un média accessible à un plus grand nombre d’amateurs", telle est l’ambition de Stéphanie Moran, expert en Marketing-communication et management d’artiste. Elle nous livre sa démarche, dans cette interview.
« Les artistes sont isolés dans leur démarche. Ils sont avant tout artiste, créateur et ils n’ont pas forcément les compétences en marketing ou en communication pour se mettre en avant. Se faire connaître, exposer, vendre sont des problématiques pourlesquelles ils recherchent un appui. Partant de ce constat, mon point de départ a été de mettre mon expérience et mes compétences marketing au service de mes artistes. J’essaie de les aider à avoir ce regard sur leur création, à se positionner, à travailler le pricing.
Les gens n’osent pas rentrer dans une galerie et acheter une œuvre. Ce n’est pas une question de prix, c’est une réticence de la part des acquéreurs, qui ne sont pas tous des experts en art. En France, l'art reste réservé à une certaine élite alors qu’en Belgique et en Angleterre, l’art rentre plus facilement dans les foyers. Néanmoins, nombreux sont ceux qui ont une sensibilité à l’art et j’ai envie de faciliter l’accès à l’art pour ces personnes. Je fais réfléchir les artistes sur leur création pour trouver de nouvelles explorations. Par exemple, Valérie Hadida, qui est sculpteur a crée des « tableaux-sculpture » : une sculpture qui peut s’accrocher au mur. Une astuce pour sortir des contraintes et augmenter le champ des possibles!
Réinventer des liens entre l’artiste et l’acquéreur, c’est comme cela que je conçois mon rôle. Il y a tout un travail de marketing relationnel auprès des prescripteurs, comme la presse ou les institutionnels, mais aussi et surtout auprès des acquéreurs, déjà amateurs d’art ou futurs amateurs d’art. La fidélisation passe via une galerie ou un site, comme www.galrystore.com . J’ai un fichier, je suis les clients, et en connaissant leur goût, on peut faire venir les bonnes personnes aux bons endroits pour leur faire rencontrer les œuvres susceptibles de les intéresser. »