Développer son activité avec les réseaux sociaux : ce qu'il faut savoir avant de se lancer
Aujourd’hui quand on crée une activité, que ce soit une organisation ou en indépendant, il faut aussi penser à sa présence les réseaux sociaux. Pour vous aider à relever le challenge, nous avons été poser toutes les questions que vous pourriez avoir à une spécialiste, Pauline Mahut.
Pauline Mahut est consultante en marketing digital. Elle aussi conceptrice et formatrice pour Cegos. Nous l’avons interrogée pour qu’elle vous donne des éléments de réponse et pistes de réflexion sur la façon dont les réseaux sociaux peuvent accompagner votre activité.
Pourquoi les réseaux sociaux sont-ils devenus incontournables pour développer son business ?
C’est simple, plus de 80 % des Français et Françaises, tous âges confondus, se connectent aux réseaux sociaux au moins une fois dans le mois (étude We are Social, 2023). C’est donc un formidable média pour atteindre tous types de cibles.
Par ailleurs, lorsque les Français et Françaises sont interrogés sur les raisons pour lesquelles ils se rendent sur les réseaux sociaux : "Passer le temps" ou "trouver l’inspiration"sont parmi les plus citées, toujours selon l’étude We are Social. On comprend ainsi que la connexion aux réseaux sociaux est devenue le nouveau "feuilletage de magazine". La popularité du #TikTokmademebuyit, littéralement "TikTok me l’a fait acheter", et ses plus de 76 milliards de vues, en sont une autre manifestation.
Il y a d’ailleurs un usage de plus en plus répandu chez les nouvelles générations. Celui-ci consiste à utiliser les réseaux sociaux comme un moteur de recherche. J’entendais justement dans un podcast la semaine dernière qu’un dirigeant de Google a récemment confié que cette nouvelle tendance lui faisait faire des cauchemars. Et on le comprend. Être présent sur les réseaux sociaux devient aussi important qu’avoir un site internet.
Est-ce vrai pour toutes les activités ?
Je pense vraiment qu’aujourd’hui, toutes les activités ont leur place sur les médias sociaux. J’ai déjà accompagné des professions très variées qui génèrent du business grâce aux réseaux sociaux. Cela va d’un parking dans Paris, à un salon de coiffure, ou une boulangerie, ou encore des professions de santé…
En revanche, tous les réseaux ne sont pas indispensables pour toutes les activités. Il faut bien choisir, afin de se positionner sur les plus adaptés à son activité et à sa cible.
À quoi peuvent servir les réseaux sociaux pour développer son activité ?
Déjà, et ce n’est pas rien, on peut se faire connaître ! C’est la première étape de toute relation avec des prospects.
Ensuite, si on fait preuve d’assiduité dans l’animation de ses communautés, il est tout à fait possible de générer du chiffre d’affaires. Que ce soit sur un site e-commerce, un commerce local ou pour un prestataire de services. Les premiers résultats peuvent apparaître rapidement : de quelques semaines à quelques mois après lancement.
Mais évidemment, c’est plus rapide si on a un budget publicitaire. Cela permet notamment de gérer le taux de répétition auprès d’une même cible afin de maximiser la mémorisation.
Peut-on définir des objectifs commerciaux ?
C’est un sujet pour lequel les avis divergent ! En effet, les puristes n’aiment pas trop faire peser des objectifs commerciaux sur des leviers de communication.
Toutefois, le web a changé les mentalités. En marketing digital, il est presque impossible de dissocier les objectifs de communication, des objectifs commerciaux. Quoi qu’il en soit, il suffit d’accompagner TPE ou porteurs de projets pour comprendre que les résultats commerciaux sont au centre des considérations.
Comment définir des objectifs commerciaux sur les réseaux sociaux ?
Pour les définir, il faut tout d’abord s’interroger sur les besoins de l’entreprise et les besoins des cibles. Que souhaitons-nous obtenir grâce aux réseaux sociaux ? La clé est de ne pas chercher à sauter d’étape. Par exemple, lorsque j’accompagne une entreprise qui vient d’être créée, l’enjeu est la notoriété de marque. Il faudra ensuite préciser l’objectif. De qui dois-je être connu/retenu ? D’ici combien de temps ? Par exemple : "améliorer la notoriété de mon entreprise ou mon association, auprès des 35-45 ans". Voire même, si on veut être plus précis : "augmenter de 50 % la notoriété de ma marque auprès des 35-45 ans sous six mois".
Le bémol : il est souvent impossible pour une nouvelle structure d’effectuer une étude de notoriété en bonne et due forme. Toutefois, il sera aisé de juger l’amélioration de la notoriété de la marque. Notamment, par le nombre de vues, la croissance de la communauté etc.
Les objectifs évoluent ensuite. La connaissance de la marque et son appréciation par les internautes, mais aussi les résultats des actions de communication précédents, entrent en jeu. Ainsi peut-on évoluer vers des objectifs très orientés business. Il faut cependant, que la notoriété et l’image de la marque soit bonne auprès de la cible d’abord. C’est un sujet que nous abordons dans le détail dès le début de la formation Cegos "Développer votre activité commerciale avec les réseaux sociaux". C’est fondamental.
Comment choisir le bon réseau pour son activité ?
Pour bien choisir le réseau qui nous convient, il est nécessaire d’étudier les démographies de chacun d’entre eux. Cela permet de déterminer où se trouvent nos cibles.
Par exemple, si je suis consultant pour des entreprises, je cherche à atteindre des professionnels. Il sera plus facile pour moi d’atteindre ma cible via un réseau professionnel comme LinkedIn.
Ou encore, si j’ai un commerce local de vente de meubles, j’atteindrai ma cible via les réseaux de Meta : Facebook & Instagram, qui permettent d’atteindre des tranches d’âge variées et locales.
Si je propose des cours de sport pour les jeunes, j’aurai tout intérêt à me diriger vers TikTok ou Snapchat.
D’autres critères comme les ressources humaines disponibles et leurs compétences, ou les possibilités financières seront déterminants dans le choix des réseaux. En effet, si le temps alloué aux réseaux sociaux est limité, on choisira un minimum de réseaux sociaux, et on éludera ceux dont la gestion est trop chronophage comme X (ex-Twitter), par exemple.
Par ailleurs, j’entends beaucoup "mon fils m’a dit que Facebook ne servait plus à rien", "ma cousine n’a d’yeux que pour TikTok". Chaque cas est différent, mais une connaissance objective, basée sur des statistiques, permet de se positionner sur les bons réseaux sociaux.
Comment choisir entre page entreprise et page perso ?
Sur quasiment tous les réseaux sociaux, il est possible de dissocier la présence d’une entreprise, de celle d’un particulier. En effet, pour les structures professionnelles, le format page entreprise ou compte professionnel sera très souvent le plus adapté. Ils permettent notamment d’accéder à des statistiques et aux régies publicitaires. On y trouve également une série de paramètres qui n’existent pas pour les particuliers, comme la nomination de comptes administrateurs. Ce dernier permet de gérer une page entreprise à plusieurs.
Souvent les algorithmes des différents réseaux sociaux octroient une meilleure visibilité aux profils personnels. Incitant des professionnels à ne pas opter pour les pages entreprises immédiatement. Toutefois, l’impossibilité d’accéder aux statistiques et à la publicité convainc de faire marche arrière. C’est à étudier au cas par cas. Je n’ai proposé qu’une seule fois à un client de rester en profil personnel sur Facebook et il s’agissait d’un artiste qui n’avait pas atteint les 5 000 contacts, la limite. Sur LinkedIn, pour les indépendants, les freelances, c’est assez courant d’utiliser en priorité le profil plutôt que la page entreprise.
Quels types de contenus doit-on produire pour susciter de l’engagement ?
En ce moment, la vidéo a le vent en poupe sur les réseaux sociaux grand public. C’est un format attendu par les internautes et valorisé par les algorithmes. Toutefois, sur LinkedIn, le format "document", un PDF qui s’affiche comme un carrousel, reste davantage mis en avant que la vidéo.
Le point commun à tous ces contenus, est leur capacité à déployer un message clair et précis. On parle de snack content. Un type de contenu qui se consomme facilement et rapidement au cours de la navigation sur les réseaux sociaux. Le temps d’une simple photo neutre et trop policée, est révolu sur les réseaux sociaux. Chaque média doit être porteur d’une information et d’une utilité pour la cible.
Quels outils ou bonnes pratiques pour optimiser sa création de contenu ?
De manière générale je recommande toujours aux personnes que j’accompagne de créer des modèles afin de ne plus avoir qu’à les personnaliser à chaque utilisation. Exemple, si j’ai l’habitude de poster des citations, je peux créer un modèle avec un texte entre guillemets et mes couleurs.
Chaque gestionnaire de réseaux sociaux a ses préférences. Pour ma part, je suis fan de Canva. C’est un outil qui permet de faire du snack content facilement, en image comme en vidéo. De plus, il y a beaucoup de modèles gratuits qui permettent de gagner un temps fou. Il permet aussi aux novices en création de contenu de produire rapidement des médias de qualité.
Par ailleurs, il faut veiller à varier les formats, même si l’on constate qu’un type de contenu fonctionne mieux sur un réseau social.
Quelle routine suivre au quotidien ?
Pour les dirigeants de TPE, les créateurs d’entreprises ou les chargés de communication de petites structures, le temps vient souvent à manquer. Aussi est-il crucial de bloquer des créneaux dans son agenda pour s’occuper des réseaux sociaux. Par exemple, une fois par semaine, bloquer une heure pour programmer toutes les publications qui peuvent l’être. Puis, 30min par jour pour modérer les messages. Puis, chaque mois, prendre le temps d’analyser les résultats de nos actions.
Par ailleurs, il est utile de naviguer régulièrement sur les réseaux sociaux afin de se familiariser avec les codes. Et ne pas se faire dépasser. Nous sommes toujours plus efficaces sur un réseau que l’on a l’habitude de fréquenter.
Pourquoi certains ne se lancent pas sur les réseaux sociaux ?
C’est de loin le manque de temps qui revient le plus souvent. La plupart des personnes que j’accompagne ou que je rencontre en formation, sont convaincues de l’importance des réseaux sociaux. Toutefois, elles n’arrivent pas toujours à débloquer le temps nécessaire pour y développer une communication pérenne. En effet, les dirigeants de TPE, les créateurs d’entreprises sont souvent multi-casquettes. Quand la gestion des réseaux sociaux s’ajoute à une liste déjà bien longue de tâches, ce n’est pas évident. Heureusement il existe des astuces pour gagner en efficacité et la formation peu aider.
L’autre raison est la méconnaissance des réseaux sociaux, de leurs codes ou de leurs fonctionnements. La crainte de "faire une bêtise", "une mauvaise manipulation", ou encore de "casser quelque chose" revient souvent dans les conversations. La formation est un excellent moyen de lever les inquiétudes, afin de se lancer avec sérénité.