L’analyse de la trésorerie tient une place essentielle dans l’analyse financière. La variation de trésorerie étant la résultante de l’ensemble des flux, sa dégradation est le symptôme d’un dysfonctionnement qu’il convient de diagnostiquer. En outre, une dégradation continue de la trésorerie se traduira tout ou tard par la cessation des paiements dont l’analyste crédit essaye d’anticiper la survenance par son analyse.

Voyons comment s'assurer que le bilan traduit la véritable position de trésorerie, et que faire en cas de taux anormalement élevé.

Comment s’assurer que le bilan traduit la véritable position de trésorerie ?

Le taux apparent d’endettement est un ratio de trésorerie, il est égal aux frais financiers divisés par l’ensemble des dettes financières : emprunts auprès des établissements de crédit, du marché financier, des actionnaires ou associés.

Frais financiers                                   =      Taux apparent d’endettement
Ensemble des dettes financières

Si l’entreprise emprunte un montant à peu près équivalent tout au long de l’année, ce taux indique le coût moyen de son endettement. Un taux « anormalement élevé » est un signe qui doit alerter l’analyste. Il indique que la dette au bilan de fin d’année n’est pas cohérente avec le montant des frais financiers de l’ensemble de la période. Le plus souvent, en pratique, c’est qu’il manque des emprunts à court terme. Un taux anormalement élevé a trois causes principales :

  1. L’entreprise se finance par crédit de mobilisation de créances client, (affacturage, loi Dally,..). En normes françaises, la créance client financée sort du bilan car elle est cédée et le crédit n’apparaît pas au passif. Par contre, les frais financiers sont inscrits en charge.
  2. L’entreprise améliore artificiellement sa position de trésorerie à la clôture pour présenter un bilan plus favorable. Concrètement, le directeur financier propose un taux d’escompte attractif pour anticiper le paiement de factures client de montant important avant la fin d’année. Il améliore ainsi pendant quelques jours la position de trésorerie pour prendre une photo plus favorable du bilan. Le taux apparent révélera la manœuvre.
  3. Du fait de son activité saisonnière, l’entreprise connaît de fortes variations de son stock et de ses créances client. Souvent, ces entreprises clôturent leurs comptes alors que leur besoin en fonds de roulement est au plus bas. La position de trésorerie est alors plus favorable qu’elle n’est en moyenne sur l’année. Par contre, les frais financiers reflètent l’endettement tout au long de l’année. Exemple : une chaîne de distribution de vêtements clôture ses comptes à fin février, après la fin de la période des soldes.

Qu’est-ce qu’un taux anormalement élevé ?

C’est un taux notablement supérieur au taux auquel une entreprise de cette catégorie de risque emprunte. Il convient de se référer aux taux de la période. Eonia et Euribor sont les références de taux à CT, également applicables aux emprunts à MLT à taux variable. Il convient de rajouter la marge « probable » sur financement. Ainsi, pour taux Euribor de 4% et une marge sur financement CT de 2%, le taux «normal » se situe aux alentours de 6%. Pour un emprunt MLT à taux fixes, les taux sont plus élevés. Ce ratio ne constitue pas une mesure fine, il permet de détecter des écarts significatifs. Ainsi, pour un taux estimé d’emprunt de 6%, la situation d’endettement peut être estimée normale si le taux d’apparent est compris entre 5 et 8%.

Que faire en cas de taux anormalement élevé ?

Lorsque le taux apparent est anormalement élevé, l’analyste cherche à estimer le véritable besoin de trésorerie à partir des frais financiers.
Illustration :
Pour un montant de frais financiers de 500 et un taux d’emprunt estimé de 5%, la situation d’endettement réelle serait alors :
500 =            10 000
5%
Si l’endettement financier apparent au bilan est de 8 000, l’analyste ajoutera alors 2 000 aux crédits à CT ainsi qu’aux créances client en cas d’affacturage.

Ce retraitement est moins pertinent pour les entreprises à forte saisonnalité car dans ce cas, c’est le besoin de trésorerie réel lui-même qui fluctue au cours de l’année.

Ecrit par

Michel Sion

Spécialisé dans la finance d'entreprise, Michel Sion est responsable des offres de formation Trésorerie, Finance, Gestion et Comptabilité pour non spécialistes et Risque client.
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