L’approche mixte ou blended learning est aujourd’hui incontournable. La question principale semble donc être « comment se lancer ou développer l’approche blended » plus que « faut-il se lancer ? ».
Nombre de responsables ou directions de formation ont d’ores et déjà mis en place au sein de leur entreprise des modalités pédagogiques alternatives au seul présentiel ; Le e-learning, la visio conférence, les serious game notamment sont ainsi aujourd’hui implantés dans les grandes entreprises. Mais ces premiers pas vers le blended semblent aujourd’hui largement insuffisants comme le montre l’étude CEGOS sur la formation professionnelle en Europe.
Malgré une progression de 5 points (de 23 à 28% entre les 2 études 2011 et 2012), le décalage des entreprises Françaises vis-à-vis des autres pays Européens est par exemple de plus de 20 points par rapport à la Grande Bretagne.
Cette mutation nécessaire vers une approche mixte laisse cependant les acteurs de la formation encore interrogatifs : « Quel modèle blended dois-je déployer dans mon entreprise ? », « Y a-t-il un modèle de blended idéal ? » « A quel rythme dois-je le faire et selon quelle logique de déploiement ? » « Comment s’y retrouver devant la variété de modalités aujourd’hui proposées ? », «Comment éviter de céder aux derniers effets de mode ?
Penser stratégie puis cursus ou projets de formation :
Ces interrogations sur la mise en place de dispositifs mixtes impliquent dans un premier temps d’aligner la stratégie formation avec le business model de l’entreprise. Une approche blended se doit en effet de répondre au meilleur rapport coût / efficacité que les modalités notamment distancielles nous autorisent à envisager. C’est d’ailleurs bien souvent ces perspectives de réduction des temps de mobilisation et de déplacements des apprenants, de plus grande souplesse des nouvelles modalités pédagogiques et d’optimisation du budget formation qui poussent les entreprises dans la démarche.
Dans un deuxième temps, il s’agira de définir les orientations majeures du modèle blended de l’entreprise. La maturité des entreprises sur ce type de réflexion est également très variable, certaines prenant le risque d’afficher une nouvelle répartition fixée a priori entre les nouvelles modalités pédagogiques (pourcentage entre présentiel, distanciel et immersion par exemple), d’autres plus pragmatiques souhaitant entrer plus progressivement dans la démarche sans répartition pré établie.
Si aucun modèle unique de blended ne semble aujourd’hui s’imposer (voir billet de Mathilde « Chacun cherche son mixe » (1)), il est intéressant de suivre l’évolution des modalités déjà en place (présentiel et e-learning) et celles émergentes (visio conférences, rich média, mobile learning, médias sociaux…) pour définir selon 4 critères principaux (objectifs, participants, ressources, contraintes) le modèle le plus adapté. Dans cette approche et pour coller davantage aux problématiques de l’entreprise, il parait important de se donner comme périmètre d’expérimentation un projet ou un cursus de formation pour valider la pertinence et le bon équilibre du modèle blended envisagé.
L’incontournable question du lien entre les modalités du mix
Mais les premiers pas vers le blended avec l’introduction du e-learning et de la visio conférence nous ont montré combien la question de l’accompagnement de ces dispositifs était incontournable et gage d’efficacité. Une approche blended engage les apprenants dans une nouvelle dynamique d’apprentissage tout comme elle implique une redéfinition du rôle et du métier du formateur.
Quelques questions clés côté apprenants :
- « Quelles sont les conditions d’exercice de l’activité des apprenants ? »
- « Quels rapports aux nouvelles modalités pédagogiques entretiennent-ils ? »
- « A quelles problématiques métier le dispositif pédagogique répond-t-il ? »
- « Comment s’articulent dans le temps les nouvelles modalités pédagogiques avec les objectifs d’application de la formation ? »
- ...
Quelques questions clés côté formateurs :
- « Quelles sont les représentations et pratiques actuelles des nouvelles modalités pédagogiques proposées ?»
- « Quelles évolutions majeures du métier de formateur impliquent ce nouveau modèle ? »
- « Quel écart de compétences entre les pratiques actuelles d’accompagnement et celles envisagées demain ? »
- ...
Répondre à ces questions permettra de préciser l’indispensable dispositif d’accompagnement des apprenants et des formateurs à mener en parallèle à la mise en place d’un nouveau modèle de blended.
Au-delà du modèle de blended retenu, les nouveaux environnements d’apprentissage devront répondre comme le souligne Denis Cristol au principe d’affordance prenant ainsi en compte « l’ergonomie de l’évènement éducatif et l’usage qui va en être fait. Un peu comme l’image d’une balançoire qui, par sa conception même, ses formes, son apparence, donnerait naturellement envie de se lancer ». (2)
Le défi est donc à présent clairement posé pour les nouveaux ingénieurs pédagogiques : proposer des dispositifs blended aussi intuitifs dans leur utilisation que les outils du « monde 2.0 » qui les entourent.
(1) http://www.formation-professionnelle.fr/2012/07/09/formation-blended-mixte-chacun-cherche-son-mix/
(2) Innover en formation – Denis Cristol - ESF