Collectivités et démarches RSE : pourquoi et comment s’y mettre ?

Cegos

Pour les collectivités, les démarches de responsabilité sociétale des entreprises (RSE), ou des organisations (RSO), sont un moyen d’améliorer le service public tout en redonnant du sens au travail des agents. Comment commencer et faire ses premiers pas ? Voici quelques pistes et expériences inspirantes.

La RSE/RSO au secours de la perte de sens des agents publics

Selon une enquête menée par le collectif Nos services publics en 2021 sur le sens et la perte de sens, 80 % des agents publics disent être confrontés à un sentiment d’absurdité dans l’exercice de leur travail. Cette perte de sens contrarie ce qu’ils étaient venus chercher dans la fonction publique, à savoir « servir l’intérêt général » (68 % des sondés). Parce qu’elles servent l’intérêt collectif, les démarches de responsabilité sociétale des entreprises (RSE), ou des organisations (RSO), sont un moyen de redonner du sens à l’action publique et au travail des agents.

« La RSE peut donner de l’inspiration », assure Catherine Jacquet, directrice de projets Management Leadership RSE au sein du groupe Cegos. La RSE aura d’autant plus d’écho dans les collectivités qu’elle concerne directement leurs champs d’intervention (social, économie, emploi, aménagement, environnement…). « Par leurs compétences, les administrations locales sont véritablement au cœur de la RSE », confirme Catherine Jacquet.

La RSE/RSO pour renforcer l’attractivité des collectivités

S’engager dans la responsabilité sociétale permet à la collectivité de mieux fonctionner et gérer les risques, tout en améliorant son image auprès de ses partenaires et des usagers. « Une gestion frugale est un premier pas vers une démarche RSE et donc de transition responsable. Les collectivités, dans leurs pratiques, savent déjà faire mieux avec moins! » souligne Catherine Jacquet.

Pour la collectivité, la RSE est aussi un atout pour se démarquer et renforcer son attractivité auprès des agents et des partenaires potentiels. « Il faut envisager la RSE comme une source d’inspiration et une opportunité de tirer parti des contraintes », estime Catherine Jacquet.

Des référentiels pour s’inspirer

Il existe différents référentiels qui peuvent servir de point de départ ou de source d’inspiration pour les réflexions autour de la RSE/RSO. Les collectivités peuvent, par exemple, s’appuyer sur les 17 Objectifs de Développement Durable (ODD) de l’ONU. Elles peuvent aussi se baser sur le référentiel de la norme volontaire ISO 26000. C’est une l’unique norme internationale dédiée à la responsabilité sociétale des organisations. Enfin, on peut citer le référentiel Lucie 26000. Il s’agit d’une déclinaison pratique de la norme ISO 26000 avec pour objectif d'aider les organisations à s'approprier les différentes thématiques de la responsabilité sociétale.

ISO 26000, Lucie 26000, quel que soit le label, « dans tous les cas, la question à se poser c’est comment permettre une vraie prise de conscience collective autour de ces enjeux fondamentaux de développement durable. Ils doivent maintenant être intégrés dans toutes les décisions qui impacteront les territoires et les politiques publiques à court, moyen et long terme. Nous n’avons plus le choix face à la menace climatique qui est maintenant universelle, et à son corollaire direct, le risque de crise sociale », souligne Catherine Jacquet.

Des conseils pour se lancer dans une démarche RSE

S’engager dans une telle démarche nécessite la réalisation d’un état des lieux à 360 degrés de l’organisation, afin d’identifier les points critiques. Après avoir recueilli les attentes des différentes parties prenantes, la collectivité doit définir des objectifs et un plan d’action, en y associant les agents et les partenaires.

« La RSE est liée à l’animation et à l’innovation managériale, observe Catherine Jacquet. Il faut engager les représentants syndicaux très tôt dans la démarche ». La mise en œuvre des actions doit s’accompagner d’un plan de formation afin d’accompagner les changements de méthodes et de pratiques, mais aussi d’un plan de communication interne et externe pour faire connaître et valoriser son engagement. Enfin, la RSE/RSO doit faire l’objet d’un suivi et d’une évaluation. AFNOR propose un outil en ligne (Diag RSE) pour s’autoévaluer sur les thématiques centrales du référentiel ISO 26000.

Exemples de collectivités qui ont mis en place une démarche RSE/RSO

L’exemple de "Niort durable 2030"

La ville de Niort a revisité ses politiques publiques à l’aune des Objectifs de Développement Durable (ODD) de l’ONU dans le cadre de sa feuille de route "Niort durable 2030". La stratégie adoptée fin 2019 par la cité niortaise s’inscrit dans une démarche de co-construction.

La radiographie interne, destinée à évaluer l'état de la contribution de la ville aux ODD, a été réalisée avec une cinquantaine de cadres de la collectivité, sur la base du baromètre Afnor de la performance publique. Afin d'identifier de nouvelles pistes d'actions, des ateliers participatifs ont été organisés avec des représentants d'associations, de conseils de quartier, des grandes entreprises et l'agglomération de Niort. Huit grands défis relatifs aux ODD ont ainsi été définis. Il s’agit entre autres de réconcilier humanité et biodiversité, de répondre à l’urgence climatique, de favoriser la production et consommation locale et responsable ou encore promouvoir la solidarité et les pratiques inclusives.

Ces défis ont ensuite été déclinés en 140 actions qui permettent d’y répondre concrètement. Pour préserver le climat, l’agglomération de Niort prévoit par exemple de développer des modes de déplacements actifs et moins polluants en facilitant le télétravail pour les agents de la Ville ou encore en encourageant le covoiturage.

La labellisation Lucie 26000 des Vallées du Haut Anjou

En février 2019, la Communauté de Communes des Vallées du Haut Anjou (CCVHA) a été la première collectivité à s’engager dans une démarche de labellisation. Elle a pris 49 engagements, à mettre en œuvre sur 3 ans afin d'obtenir le label "Lucie 26000" : mise en œuvre du télétravail, charte des bonnes pratiques pour l'entretien de la voirie, mutualisation de matériel entre communes, diversification des missions… Tous les projets de l'intercommunalité ont pour vocation de passer par une grille d’analyse, laquelle permet de rectifier leur impact sociétal ou environnemental avant d'être mis en œuvre. À Baugé-en-Anjou, ville labellisée "Lucie 26000" en 2020, plus de 100 actions ont été définies dans les 7 grands engagements du référentiel.

Voilà quelques pistes pour permettre aux collectivités de s’engager dans une démarche RSE, et réconcilier le bien-être des agents avec l’intérêt collectif.

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