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Face à l’intensification des effets du changement climatique, la biodiversité devient un levier essentiel d’adaptation pour la fonction publique territoriale. Mais pour mobiliser efficacement ce potentiel, encore faut-il en comprendre les mécanismes et les enjeux. Les élus ont donc tout à gagner à passer par la case formation.
Le changement climatique provoque des phénomènes extrêmes : vagues de chaleur, montée des cours d'eaux, inondations, incendies, sécheresses… Face à ces chocs de plus en plus récurrents, la biodiversité offre des solutions concrètes parfois sous-estimées. Par exemple, les arbres apportent fraîcheur et bien-être en ville, absorbent l’excès d’eau en cas d’inondation et certains repoussent après un incendie !
Mais planter des arbres ne suffit pas. La biodiversité est complexe : il faut maîtriser des notions, comme la trame verte et bleue (TVB). Cette dernière consiste à préserver et restaurer un réseau de continuités écologiques en matière d’aménagement du territoire, pour que les espèces animales et végétales puissent circuler, s’alimenter, se reproduire, se reposer dans des espaces naturels et assurer ainsi leur cycle de vie. Pour prendre les bonnes décisions et développer la résilience naturelle de leur territoire, les élus ont donc intérêt à se former à la biodiversité.
Le fait de se former protège les élus des fausses bonnes idées ou des effets de mode. « Prenons l’exemple des murs végétalisés », illustre Christine Rodwell, fondatrice et présidente de Vivae, l’entreprise copilote des décideurs publics et privés sur les enjeux de biodiversité et partenaire de Cegos. De nombreuses communes ont fait le test, sans prendre en compte l’entretien que cela nécessite. Le résultat, au bout de quelque temps, n’est pas toujours satisfaisant.
Les exemples sont légion. « Pour remettre de la nature en ville un maire avait fait planter des graminées », se souvient la présidente. Il n’avait malheureusement pas pris en compte le potentiel allergène de ces plantes…
Autre avantage d’être formé à la biodiversité : « Cela permet aux élus de redéfinir leurs priorités, indique l’experte. Un atout non négligeable dans un contexte budgétaire contraint et à l’heure où des événements - inondations, incendies, canicules -, qui étaient auparavant des chocs ponctuels, sont devenus des stress, qui interviennent de façon de plus en plus récurrente. » En d’autres termes : avoir conscience des enjeux majeurs de biodiversité offre un prisme qui aide à y voir plus clair pour identifier les priorités et revoir son budget en conséquence. « C’est très utile pour effectuer des arbitrages », estime Christine Rodwell.
« En prenant conscience du fait que climat et biodiversité sont deux crises jumelles, les élus vont pouvoir mettre en œuvre des solutions plus efficaces, qui vont leur permettre de transformer le risque en opportunité, poursuit-elle. Ils vont pouvoir effectuer, en toute connaissance de cause, des investissements qui vont leur permettre d’accroître la résilience et l’attractivité de leurs territoires. »
La formation à destination des élus locaux est d'autant plus utile que cela leur permet de "casser les silos". « Des élus sensibilisés aux enjeux de biodiversité peuvent établir des ponts entre les différents services de la municipalité, de l’agglomération, du département ou de la région, pour faire converger l’impact social, environnemental et économique. »
Christine Rodwell cite l’exemple des cours oasis qui ont vu le jour à Paris, sous l’impulsion d’un chief resilient officer sensible à l’ensemble de ces enjeux. Il a eu l’idée de faire un pont entre les cours d’école qui gagneraient à être végétalisées pour apporter de la fraîcheur aux enfants lors des périodes chaudes et assurer l’accès à des espaces frais aux personnes vulnérables en été. Depuis 2017, 165 cours oasis ont été aménagées et 360 nouvelles cours oasis seront aménagées d’ici à 2030.
L'offre de formation sur la transition écologique est pléthorique dans les organismes de formation. « Si bien que cela peut s’avérer compliquer de faire le tri », concède la présidente de Vivae. Elle conseille de débuter par un module court et généraliste. L'objectif : maîtriser les notions de base et mieux comprendre enjeux majeurs et leviers d’action.
Ensuite, il est pertinent de se spécialiser selon les problématiques locales. « Pour certains, ce seront les sols argileux, pour d’autres, le stress hydrique, pour d’autres, la pression touristique, la montée des eaux, la qualité de l’air… L’idée, c’est de prendre conscience de ce qu’est la biodiversité, d’identifier le ou les problèmes sur son territoire, les risques associés, la réglementation et enfin, d’envisager des solutions. »
Il existe de nombreux centres de ressources gratuites. On peut citer les tribunes du Muséum national d’histoire naturelle ou les podcasts de Bruno David, naturaliste et paléontologue, ancien président du Muséum, sur Radio France, peuvent faciliter la compréhension des grands concepts, tout comme les guides destinés aux élus, à l’instar de celui de la Ligue pour la Protection des Oiseaux (LPO).
De nombreux projets de développement en faveur de la biodiversité peuvent être mises en place à l’échelon local. Et on parle le plus souvent d’actions concrètes pour la préservation et la reconquête de la biodiversité. C’est le cas des solutions fondées sur la nature, un concept créé par l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN) au début des années 2000. À Lyon, par exemple, la rivière Yzeron a été renaturalisée. Les digues bétonnées ont été supprimées et le lit naturel de la rivière a été restauré pour réduire le risque d’inondation et renforcer la biodiversité. Un nouvel espace de promenade a aussi été créé.
D’autres actions s’apparentent davantage à des outils stratégiques pour préparer ou accompagner la mise en œuvre de solutions concrètes, comme les atlas de la biodiversité communale (ABC). Ils dressent un état des lieux de la biodiversité d’un territoire. Depuis 2010, plus de 4 600 communes se sont lancées dans cet inventaire écologique.
Quelles que soient les initiatives, être formé est essentiel pour se lancer. Car, in fine, se former à la biodiversité pour un élu, ou une élue, c’est apprendre à comprendre, anticiper et agir. Pour faire de la biodiversité le fil conducteur d’une nouvelle façon de gouverner les territoires, adaptée aux enjeux de notre époque.
Opération impossible