Episode 1 :
Récemment, j’ai vu ce film et tous les liens se sont mis en place par rapport à mes réflexions sur ces enjeux de souffrance au travail et de discrimination.
Je vous en raconte ici, ma perception, que j’ai intitulée : « Lente descente aux enfers dans un univers feutré »
Un décor feutré :
Un cadre d’une cinquantaine d’années, issu de la culture de l’honneur, ayant fait toute sa carrière dans cette même banque. Il est engagé, volontaire, impliqué dans son travail et sa relation avec ses clients qu’il connait personnellement.
Soudain, de nouveaux responsables arrivent pour diriger le service, plus jeunes, très ambitieux. Une autre culture… Il va y avoir du changement !
Le nouveau patron est obnubilé uniquement par les résultats financiers. Il est sans états d’âme sur les conséquences de ses décisions, au plan organisationnel et humain. Il vit à court terme.
Mais, pour quelles raisons ?
C’est assez simple, son objectif n’est pas de demeurer dans cette agence, ce poste de représente qu’une étape sur son chemin d’ambition qui doit le mener à de bien plus hautes responsabilités. Afin de prouver au groupe qu’il est plus performant que ses pairs et d’obtenir la nomination dont il rêve, il est prêt à tout (il réussira sur ce point)
Son adjoint, plus discret, moins démonstratif de son ambition pourtant de même nature, se mobilise pour créer des relations avec l’équipe. Il obtient ainsi beaucoup d’informations et d’opinions sur les uns et les autres. Elles lui seront très utiles.
Les collègues sont polis, habillés au selon le « dress- code » maison, les portes sont vitrées, les open space aménagés…
Il y a des fêtes, des contrats signés des départs en retraite, des licenciements, tout cela se mélange comme dans la chanson d’Alain Souchon : « Une guitare un citoyen ».
L’épouse du héros principal mène une activité caritative- qui est subventionnée par la banque- et deviendra au fil du temps un objet de marchandage dans le harcèlement qu’il va subir.
Avant la descente aux enfers :
Lui, fait face, seul. De plus en plus seul : changement de bureau, changement de clients et pour finir changement de poste dans un domaine qui lui est inconnu et pour lequel il est sur qualifié. Son manager lui précise que l’on ne touchera pas à son salaire car le droit l’interdit !
Au début, il accepte, fait comme si ne rien n’était, puis il entre dans un processus de justification face aux brimades et aux reproches non fondés dont il fait l’objet. Il se bat, puis il renonce lorsqu’il comprend que sa cause est perdue et que son sort est scellé.
Pourquoi cela lui arrive-t-il à lui ? Trop différent ? Trop vieux ? Trop résistant au changement de méthodes, de cultures ? Trop prompt à exprimer ses opinons mêmes si elles ne vont pas dans le sens de ses dirigeants ?
Ses collègues de travail s’éloignent peu à peu. On a le sentiment qu’ils ne peuvent affronter le malaise que cette situation génère. Seul un collègue et ami de longue date reste proche, mais lui aussi ne sait comment agir, il lui conseille de laisser tomber, lui dit que l’on n’y peut rien…
Un jour, le héros se présente à une réunion, la salle est immense, il est seul. Volontairement on ne lui a pas fait part de l’annulation de la réunion, d’épuisement il s’endort sur place.
Son épouse est aimante, elle tente de l’aider mais ne sait plus comment faire face à ses sautes d’humeurs, ses nuits blanches, ses difficultés de communication en famille….
La maison est agréable, les tissus feutrés et de bon gout, la voiture ? Une grosse berline…
Pourtant un jour, cet homme va choisir avec les seuls moyens qui lui restent, d’exercer sa liberté d’être ….il part à pied de bon matin vers son destin tragique.
Il n’y a pas de jugement à avoir sur cette fiction et son dénouement, juste c’est tellement explicite que cela fait frémir.
Le titre du film est : De bon matin
L’acteur principal : Jean- Pierre Daroussin est impressionnant d’humanité et de sobriété dans son jeu Si l’on veut comprendre l’enchainement des événements et la spirale infernale de la souffrance au travail on y court !
Managers, avant d’être des salariés en situation de travail, vos collaborateurs sont des êtres humains complexes, une combinatoire de pensées, d’attentes et d’émotions.
Dans mon prochain billet nous verrons comment identifier les signes de mal être et comment se positionner en tant que manager pour empêcher à la spirale infernale de se mettre en mouvement.