Prise de décision : une méthode pour faire les bons choix
La prise de décision, n’est pas toujours chose aisée. Et dans le contexte actuel, plus incertain, que jamais, savoir prendre une décision est une aptitude de plus en plus prisée. Or ce talent, rarement inné, peut s’apprendre et s’améliorer en suivant les bonnes étapes. Cette compétence précieuse se partage aussi volontiers dans des organisations plus horizontales. Suivez le guide.
- La prise de décision est-elle une compétence du futur ?
- Quels sont les bénéfices de la prise de décision ?
- Prendre une décision : comment ça marche ?
- Pourquoi beaucoup n'arrivent pas à prendre de décision ?
- En quoi consiste la méthode que Cegos enseigne dans ses formations ?
- Dans quelles situations est-elle intéressante à appliquer ?
- Pourquoi se former à la prise de décision en général ?
La prise de décision est-elle une compétence du futur ?
Faut-il s’attendre à voir émerger cette compétence sur de futurs CV ? Ce n’est pas impossible… « C’est une compétence de tous les instants, analyse Ibrahim Dufriche-Soilihi, consultant partenaire chez Cegos. Pour avoir initié quelques parcours de formation, je peux vous dire que la plupart des thèmes de formations que l’on propose se calent sur des observatoires d’études des organisations, scrutant les problématiques qui émergent au sein des entreprises. En cela, la question de la décision concerne aujourd’hui clairement tous les acteurs des organisations. »
Longtemps, dans des organisations verticales, seul le "sommet" de la pyramide, soit quelques dirigeants, étaient concernés. Sauf que dans ce schéma, où la tête est censée penser, et où la base exécute, a vécu. « Dans des organisations plus horizontales, l’ensemble des collaborateurs doit pouvoir maîtriser ces mécanismes de prise de décision. Dans des organisations davantage en mode projet, en réseau et en management transverse, chacun doit savoir décider ou faire décider. »
Quels sont les bénéfices de la prise de décision ?
Dans le contexte et le monde actuels, plus incertains et complexes que jamais, savoir trancher est évidemment précieux, voire indispensable. Les bénéfices d’une prise de décision, étayée par une réflexion solide et rapide, sont évidents aux yeux de notre expert.
« Le premier bénéfice, dans une organisation transversale, est de contribuer à produire une formidable intelligence collective, constate Ibrahim Dufriche-Soilihi. Car chacun devient beaucoup plus impliqué dès lors qu’il détient une partie de la réponse à la résolution du problème, donc à la prise de décision. » De là découle une meilleure agilité du groupe. « Un deuxième bénéfice est la fluidité des échanges. C’est donc plus de réactivité, indispensable dans un contexte en pleine accélération. En effet, aujourd’hui, il ne suffit plus d’être bon. La réactivité est devenue un indicateur de performance. »
Prendre une décision : comment ça marche ?
Mais encore faut-il savoir comment son cerveau fonctionne. Car la décision est un processus cognitif complexe, nécessitant de donner une réponse à une question, en tenant compte d’une multitude de paramètres. Cependant, une décision se forge en réalité en trois moments-clé :
- Comprendre que le moment est venu de s’interroger
- Prendre la décision elle-même,
- Se préparer à en assumer les conséquences.
« Il faut partir du principe que tout individu a une rationalité limitée. On n’est pas cartésien à 100 %. Donc, la première étape consiste à être à l’écoute de ses émotions », explique Ibrahim Dufriche-Soilihi. Il faut apprendre à accueillir des sentiments aussi divers que la peur, la colère, la tristesse, la frustration, le dégoût, le désir ou la joie : autant d’émotions qui nous guideront vers une décision nécessaire.
« On doit décrypter ces émotions comme des indices qu’une décision doit être prise. Que ce soit dans un exercice individuel ou dans une dimension collective, il faut questionner ce qui se joue dans cette situation. Pourquoi cette situation me procure de telles émotions ? Ces émotions peuvent m’alerter aussi bien sur un risque que sur une opportunité. »
Ensuite, à charge pour chacun d’analyser si c’est à lui ou quelqu’un d’autre de s’engager dans le processus de décision. « Une fois qu’on est conscient qu’il y a une décision à prendre, on retombe dans des schémas de rationalité plus familiers : il faudra examiner les résultats que l’on peut attendre, les solutions possibles et les actions à engager, les éventuels freins et les conséquences possibles. »
Pourquoi beaucoup n'arrivent pas à prendre de décision ?
On comprend mieux, dès lors, pourquoi on peut tous, à un moment ou à un autre, rester "figé" dans l’immobilisme. Conscience et inconscience ont, chacune, leur siège dans le cerveau. « Prendre une décision, c’est un processus qui ne va pas de soi, assure notre spécialiste. Pour y parvenir, on a tendance à s’en remettre à son cerveau "automatique", comme le rappelle le psychologue Daniel Kahneman. Il distingue deux systèmes. Or le premier, paresseux, est basé sur des biais cognitifs, c’est-à-dire dire des croyances limitantes qui vont me conforter dans la lecture d’une situation. »
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Parmi les manifestations les plus familières, certaines émotions, comme la peur d’échouer ou d’être jugé, nous empêchent régulièrement de passer à l’acte. Sans certitude absolue, on peut aussi procrastiner et se complaire dans le mythe de l’attente du "bon moment" et des conditions idéales qui n’arriveront peut-être jamais, ou trop tard. « En réalité, toutes ces émotions font partie de l’équation. Si on ne les analyse pas, elles nous paralysent. En soi, prendre une décision n’est pas compliqué. Ce qui est difficile, c’est d’assumer les conséquences possibles d’une décision, surtout si on embarque un collectif avec des enjeux socio-économiques et écologiques forts… »
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En quoi consiste la méthode que Cegos enseigne dans ses formations ?
Pour se former à la prise de décision, Cegos propose désormais une méthode en 5 étapes.
1. « Tout d’abord, il faut comprendre les bases de fonctionnement de notre cerveau et être à l’écoute de notre inconscient, détaille Ibrahim Dufriche-Soilihi. Être à l’écoute de ses émotions permet de passer de l’inconscient au conscient et de comprendre qu’une décision est à prendre. »
2. « Quand j’identifie la décision, je me demande à qui elle incombe. Si elle m’incombe, je dois analyser ma marge de manœuvre et comment je dois m’organiser pour aller vers mon objectif. »
3. « La troisième étape consiste à explorer les différentes solutions possibles. Il s’agit de définir plusieurs options et de les départager selon des critères objectifs de comparaison et d’appréciation pour prendre la décision la plus adaptée. »
4. « À partir de là, il faut être capable de dépasser ses émotions comme la peur d’échouer, d’être jugé ou de perdre du pouvoir. »
5. « Enfin la cinquième étape, la "décision-action" va au-delà de la solution retenue : on imagine déjà les freins, les conséquences et les effets indésirables qu’elle peut provoquer, pour mieux les anticiper et les surmonter. »
Dans quelles situations est-elle intéressante à appliquer ?
En formation, il a vu passer des dirigeant.es, des chef.fes de projet ou des managers, souvent issus de secteurs très différents. Pour quoi faire ? Du recrutement à la délicate décision d’une fusion-acquisition, en passant par la sélection d’un prestataire au choix d’une campagne de marketing : toutes les situations, en définitive, bénéficient d’une telle méthode de réflexion.
« On peut même l'appliquer dans sa vie privée, sourit Ibrahim Dufriche-Soilihi. Après tout, comme l’écrivait Albert Camus, "nous sommes la somme de nos décisions". Dès lors, mieux vaut apprendre comment son cerveau fonctionne. » Si tous les collaborateur.rices peuvent être intéressé.es, notre expert reconnaît que la compétence est particulièrement précieuse pour quiconque anime une équipe ou un collectif. « Identifier certains freins, peurs et préjugés chez soi permet aussi de les identifier chez les autres et de les dépasser pendant un entretien avec un collaborateur. »
Pourquoi se former à la prise de décision en général ?
Dans un contexte où l’agilité et la réactivité influent sur le fonctionnement, voire la pérennité des organisations, comprendre les mécanismes de la prise de décision n’a rien de superflu. « Cela permet de prendre les directions qui s’imposent, de gagner du temps et souvent de l’argent. » Cependant, notre expert y voit aussi une autre dimension, libératrice. « On comprend aussi qu’il n’y a pas de décision parfaite, juste une option validée et assumée à un moment M. »
D’ailleurs au passage, rien n’interdit, avec cette méthode, de ne rien décider. Ou pas tout de suite, mais en connaissance de cause. « Ne pas prendre de décision, c’est aussi une décision. On peut aussi remettre une décision à plus tard. Mais seulement à partir du moment où le bénéfice-risque a été savamment pesé dans tous les cas. » Et toujours avec méthode…