"Les identités ne se définiront plus par des positions préalables, mais par des trajectoires", disait Michel FOUCAULT. Nous y sommes.
Ce qui fait rêver dans cette phrase, c'est l'idée que l'important n'est ni le point de départ - ni en fait le point d'arrivée- mais le chemin lui - même : chemin que chacun pourrait tracer, libre de prendre des bifurcations, d'emprunter des sentes buissonnières...
Evidemment, tout n'est pas si simple, enserrés que nous sommes dans un réseau de contraintes. Mais enfin, l'idéal des Lumières, celui de l'homme libéré de la place que lui assignait sa naissance, semble atteignable à nombre d'entre nous.
Bien sûr, nous ne sommes pas tous égaux dans ce processus. La responsabilité ainsi reportée sur l'individu est bien trop lourde si les dispositifs d'accompagnement ne sont pas à la hauteur.
Professionnellement parlant, il renvoie chaque individu à la nécessité de faire le point régulièrement sur ses compétences, sur son projet : ce qu'il veut et ne veut plus faire. Mais aussi de connaître les opportunités, d'être en capacité de mettre en lien offre de formation et filières professionnelles, d'anticiper les évolutions de l'emploi.
Ces démarches nécessitent à de nombreuses capacités personnelles : connaissance de soi, recherche et traitement d'information, capacités relationnelles...
Elles doivent également s'appuyer sur des informations fiables et facilement accessibles. Ce système d'information, me semble t'il, fait défaut à ce jour en France. Le rapport d'information sur la formation tout au long de la vie, présenté par Mme Françoise Guégot le 4 décembre 2008, pointe la défaillance des services d'orientation, à l'école, à l'université, au cours de la vie active. L'annexe 6 du rapport dresse ainsi la liste à la Prévert de la multitude des sites internet et des structures qui proposent des informations en matière d'orientation. Aucune cependant n'est en mesure de proposer une vision d'ensemble, de faire le lien entre formations - filières professionnelles - marché de l'emploi.
Fort de ce constat, le rapport propose la création d'un Service Public d'Information sur la Formation et l'Orientation (SPIFO), qui serait chargé de "définir la politique nationale d'accueil, d'information et d'orientation", tout au long de la vie, et de "veiller à sa déclinaison sur le territoire".
De ce point de vue, il me semble que nous pourrions nous inspirer avec profit de ce que font nos amis canadiens.
Sur le site "Bienvenue sur le marché du travail" - en français et en anglais - une information détaillée par région est accessible sur les perspectives d'emploi par métier, les salaires, les programmes de formation disponibles. La personne connectée peut établir son "profil occupationnel", s'enquérir des conditions d'accès aux professions et des compétences requises, voir quels sont les employeurs potentiels, comparer des professions...
Un portail unique, à jour, qui fait le lien avec l'ensemble des organismes et donne des outils pour élaborer et vérifier son projet. Peut être, un jour, en France ?