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Accélération du rythme des projets et des changements, développement frénétique de l’intelligence artificielle, injonctions paradoxales...le rôle de manager se complexifie et nécessite de faire preuve d’esprit critique et de discernement. Comment donc exercer et cultiver sa pensée critique lorsque l’on est manager ? Voici quelques pistes que j’ai également pu présenter dans un webinar intitulé Comment développer son esprit critique au-delà de l’approche par les biais.
L’esprit critique est la capacité à analyser et évaluer ses propres pensées pour les améliorer.
Les docteurs Paul et Elder le définissent en 2008, comme l’art d’analyser et d’évaluer la pensée en vue de l’améliorer, dans leur Mini-guide de la Pensée Critique : Concepts et Instruments.
En management, c’est plus qu’une compétence : c’est une posture. Elle influence la qualité des décisions, la cohésion des équipes et la lucidité collective.
Le sociologue Gérald Bronner rappelle que dans un monde saturé d’informations, il faut apprendre à vérifier les sources et à se méfier des erreurs de raisonnement. Gérald Bronner est un spécialiste de l’esprit critique et a réalisé en 2025 à la Sorbonne un cycle de conférences intitulé Développer son esprit critique face au monde de la désinformation. Les conférences sont disponibles sur Youtube, je vous les conseille.
Les managers ont un rôle clé dans l'entreprise : faire émerger des décisions éclairées, dans un environnement parfois complexe ou contradictoire. Chercheur et professeur en management, Frédéric Fréry parle du manager comme du « gardien de la lucidité collective ». Cela suppose d’accueillir la diversité des points de vue et d’arbitrer avec courage.
Les biais cognitifs sont des raccourcis mentaux. Ces mécanismes sont utiles pour agir vite, mais ils peuvent fausser nos décisions et ils sont toujours contextualisés. Ils dépendent donc du système dans lequel nous évoluons. C’est que rappelle Albert Moukeiber, docteur en neurosciences et auteur des livres Neuromania (2025) ou Votre cerveau vous joue des tours (2019). Sans conscience de ces biais, l’esprit critique ne peut pas se déployer pleinement.
Ces biais freinent l’innovation et renforcent le micromanagement.
Lire aussi : Prise de décision : gare aux biais cognitifs !
Identifier ses biais est la première étape. Ensuite, les managers peuvent diversifier leurs sources, confronter leurs idées et instaurer une culture du doute méthodique.
François Hubault, maître de conférences à l’Université Paris1 Panthéon-Sorbonne parle de « créer des disputes ». C’est-à-dire confronter les points de vue pour trouver un terrain commun.
Jacques Fradin, comportementaliste et cognitiviste, distingue le mode automatique (routine, certitudes, contrôle) du mode adapté (curiosité, nuance, souplesse).
En situation de stress, le mode automatique domine. Il sécurise, mais limite la réflexion.
Le mode adapté ouvre l’espace à l’esprit critique. Il invite à explorer de nouvelles solutions, accepter l’incertitude et travailler avec nuance.
Un environnement sûr encourage le dialogue. La sécurité psychologique permet de douter et de questionner sans crainte.
La technique du mémo écrit aide à éviter la pensée moutonnière : chaque participant prépare un argument pour et un argument contre avant la discussion.
Le manager valorise aussi les points de vue divergents et favorise l’écoute active.
Ces étapes issues des formations Cegos structurent la réflexion et limitent les décisions biaisées.
En réduisant l’impact des biais, le manager prend des décisions plus justes.
Les arbitrages tiennent compte de faits vérifiés et de points de vue variés.
Cela réduit aussi les erreurs collectives que le chercheur Christian Morel a décrit dans Les décisions absurdes, sujet dont il a fait une conférence pour la Faculté de Santé Sorboonne et accessible sur Youtube.
Un esprit critique actif favorise l’intelligence collective. Il encourage la subsidiarité, c’est-à-dire donner aux équipes la liberté d’agir dans leur champ d’expertise.
En confrontant les idées, on obtient des solutions nouvelles et mieux adaptées au terrain.
L’esprit critique est un engagement personnel et collectif. Il demande un entraînement continu.
Comme le rappelle Gérald Bronner, dont je vous parlais précédemment, ce n’est pas une posture de défiance, mais un acte de responsabilité.
Opération impossible