Etre déstabilisé n’est pas seulement un moment désagréable à vivre, mais comporte aussi le risque de décrédibiliser l’ensemble de vos propos, voire nous-mêmes. Voici quelques astuces pour limiter ou annihiler ces effets malheureux.
Nous sommes déstabilisés par un interlocuteur lorsque l’impact émotionnel l’emporte sur la réflexion. Ce peut être face à une question imprévue dont la réponse ne nous apparaît pas immédiatement, ou face à une interpellation que nous percevons comme biaisée ou malveillante, ou face à un interlocuteur qui nous impressionne en lui-même. Quel que soit le cas, mêmes symptômes : nous perdons le fil, nos pensées s’embrouillent, nous hésitons, nous nous justifions ou plus simplement nous restons stupéfaits.
Cinq astuces pour ne pas se laisser déstabiliser...
1/ Se taire et respirer
Dites-vous : « j’ai deux secondes entières devant moi »
Avant tout, il s’agit de calmer l’impact émotionnel, le stress, qui nous saisit. Il modifie notre respiration, notre rythme cardiaque, nous tend, et nous amène à désinvestir notre capacité de réflexion. Décider de respirer et le faire permet de calmer ce premier impact et de détourner notre attention, ou notre conscience, de ce moment réflexe de panique. La respiration ventrale est la plus efficace et la moins visible. Une ou deux secondes de silence sont tout à fait tolérables dans un échange, surtout lorsque nous maintenons notre regard en contact avec l’autre ou les autres.
2/ Garder son axe corporel
Dites-vous : « ce n’est pas l’iguane qui décide »
Notre corps parle avant nous, et là encore, il s’agit de réflexes pilotés par les parties les moins conscientes, les plus rapides et les plus « archaïques » de notre cerveau. Notamment, si l’on s’appuie sur le modèle des trois cerveaux de MacLean (pertinent même s’il est simplificateur), le cerveau dit « reptilien », en charge de notre métabolisme et de nos réflexes : l’iguane qui sommeille en nous, en quelque sorte.
Profitant de la respiration ventrale que nous décidons de mettre en œuvre, il est judicieux de décider aussi de revenir à une position d’ancrage, c'est-à-dire d’équilibre corporel. La respiration aide à détendre le visage, lâcher les épaules, réaligner épaules et bassin, laisser son corps peser sur toute la plante de ses deux pieds. Notre centre de gravité corporel se rapproche alors de sa position idéale : autour du nombril.
Une fois de plus, il s’agit de décider et de faire, en s’appuyant sur la conscience de nos sensations corporelles.
3/ Rester ouvert
Dites-vous : « j’écoute d’abord, je trierai après »
Nous répondons d’autant mieux à l’interpellation que nous l’avons comprise et évaluée. Tandis que nos réflexes nous amènent à nous dépêcher de trouver une issue, vite, vite, et brouille notre esprit, nous courons le risque de nous précipiter dans une réponse en interrompant l’interlocuteur : interrompre, c’est agresser et donc augmenter encore la tension entre nous. La volonté d’écouter jusqu’au bout en respirant et en retrouvant notre axe nous aide à être plus présent à l’autre : ses mots, son ton. La plus grande urgence n’est pas de se sauver, mais de bien écouter pour bien comprendre.
4/ Renoncer aux jugements
Dites-vous : « j’y songerai plus tard »
« Bien, mal, gentil, méchant, rusé, imbécile, … » Ce n’est pas le moment de se faire une opinion fondée sur des jugements ; le temps passé à se dire comment c’est ou comment est l’autre est du temps perdu pour la réflexion sur la meilleure réponse à donner. Et si jamais nous considérons que notre interlocuteur se comporte comme un imbécile malfaisant, alors nous nous retrouvons bien loin de notre capacité à interagir de manière professionnelle et appropriée ! Il sera toujours temps après coup de revenir à ce discours intérieur. Pour l’instant, le plus important est de comprendre pour préparer la réponse.
5/ Garder son objectif en ligne de mire
Dites-vous : « et moi, je veux aller où ? »
Si l’interlocuteur cherche volontairement à nous déstabiliser pour « prendre le contrôle », il est urgent de nous rappeler notre objectif. Si l’interlocuteur ne cherche pas à nous déstabiliser mais que nous le sommes tout de même, il est urgent de nous rappeler notre objectif aussi !
Garder en tête ce pour quoi nous sommes là est le meilleur moyen d’évaluer ce qui nous arrive, de prendre une position, de faire une réponse adéquate. Et cela nous aide à nous dissocier, c'est-à-dire à séparer l’impact émotionnel et personnel du contexte et du sens professionnels. Autrement dit, de garder, autant que faire se peut, la tête froide.
... et formuler la réponse adaptée à la situation
Après l'application des astuces ci-dessus, vous êtes prêt à formuler la réponse la plus adaptée à la situation, celle qui vous permet de prendre en considération l’interpellation tout en gardant votre axe.
Quelques idées pour reprendre le fil :
1/ Si l’interpellation est hors sujet, la reformuler synthétiquement, rappeler le cadre et les contraintes de temps, inviter la personne à revenir vers vous ultérieurement.
2/ Si l’interpellation n’est pas claire, ou comporte une part importante d’implicite, ou constitue une généralisation, renvoyer une question à l’interlocuteur l’amenant à préciser son propos : en quoi, par rapport à quoi, à quelle fréquence, d’après qui, avec qui, depuis quand….
3/ Si l’interpellation nécessite une réponse, utiliser un « plan futé » pour structurer la réponse et se donner du temps pour l’élaborer. Par exemple : « je répondrai en deux points, premièrement…deuxièmement » , « effectivement [reformulation synthétique], et du point de vue de… »
Et dites-vous que ce que vous ressentez n’est pas fatalement visible : vous pouvez vous sentir ébranlé et ne pas le laisser voir.
Alors, quoiqu’il arrive, avant tout, taisez-vous et respirez !
Pour aller plus loin
Formation : Communiquer avec aisance en situation difficile
Formation : Se perfectionner à l'expression orale et à la prise de parole en public