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Les pistes sont nombreuses et sinueuses pour définir le design fiction. La méthode se situe en effet à la croisée des chemins : science-fiction, prospective, design d’un futur possible… Elle a pour objectif de susciter le débat par le biais de scénarios et prototypes explorant le futur. Pour obtenir un meilleur aperçu de cette méthodologie, une seule solution : se plonger dans la conception et l’animation d’un atelier design fiction !
Le design fiction est une approche extrêmement riche à laquelle on croit beaucoup chez Cegos. Elle fait partie de nos champs d’innovation. Nos équipes la déploient pour des entreprises dans le cadre de dispositifs sur-mesure ou lors d’événements. Après vous avoir expliqué l'intérêt du design fiction dans une formation en entreprise, on vous embarque dans l'un des ateliers de design fiction que l'on a organisé récemment.
En partenariat avec le collectif Le Coup d’Après, Cegos a conçu et animé un atelier design fiction d’une demi-journée autour des futurs métiers de la formation. Les participants ? Des collaborateurs RH de différents opérateurs de compétences (OPCO). Selon Pamela Bellier, conseil en prospective stratégique et créative chez Le Coup d’Après, « le défi consistait ici à réussir à offrir une expérience de prospective et de design fiction stimulante et immersive dans un temps très court. Nous avons donc décidé d’enrichir l’introduction de cet atelier afin d’accélérer et de faciliter l’appropriation de la thématique par les participants. »
Avant d’entrer dans le vif du sujet, et même si le design fiction est une pratique ouverte et évolutive, il peut être utile de rappeler la méthodologie et les cinq étapes clés vécues par les participants durant ces quelques heures.
Après avoir identifié un enjeu, une technologie émergente, ou un domaine d’innovation, il s’agit avec cette première étape d’en étudier les tendances et les signaux faibles, tout en s’aidant d’une scénographie propice à la stimulation de l’imaginaire du groupe.
Par le biais du processus d’idéation "Et si ?", les participants formulent ensuite des scénarios d'un futur possible permettant de dégager des éléments de prévision.
À cette étape de la méthodologie, les scénarios du futur sont matérialisés par des objets fictifs ou artefacts (affiches, produits, témoignages, articles de presse, interfaces, vidéos, etc.).
Ce temps de présentation des prototypes au public permet d’initier un débat sur la thématique choisie.
En analysant les retours, émotions, et critiques du public, les participants sont à même de proposer des solutions ancrées dans le présent, en imaginant par exemple une feuille de route à rebours des évolutions futures.
Le design fiction prend tout son sens lorsqu’il est utilisé par des entreprises au sein desquelles se posent des questions stratégiques ou complexes : imaginer les business models de demain, construire une vision stratégique, développer des compétences fondamentales comme la créativité et la coopération, sensibiliser les collaborateurs aux préoccupations RSE. Cela peut être aussi, comme c’est le cas aujourd’hui, explorer la transformation des métiers de la formation.
« Pour être à la hauteur de ces objectifs ambitieux, les participants à la session ne doivent pas en ressortir indemnes, au sens positif du terme. Dès le démarrage, nous mettons tout en place pour les projeter de façon dynamique au cœur du sujet, ce qui implique même de les accueillir avec une ambiance sonore du futur », explique Marianne Ruffié, directrice de projet et cofacilitatrice de cet atelier conçu spécialement pour les OPCO.
Après s’être présentées au groupe de dix personnes, les facilitatrices détaillent rapidement la finalité de l’atelier, sa méthode, et son agenda. Place au Pecha Kucha, terme japonais qui désigne un bavardage ! Concrètement, il s’agit de présenter une thématique en vingt images ou diapositives, ce qui correspond à la phase d’immersion de la méthode du design fiction. « Notre sujet portait donc sur la transformation des métiers de la formation et, en une quinzaine de minutes, nous avons passé en revue l’éducation au fil de l’histoire. Puis avons zoomé sur les tendances du XXIe siècle, pour ensuite aborder leur impact sur les compétences d’aujourd’hui, ainsi que sur la fonction RH et le secteur de la formation professionnelle », indique Mathilde Mignot, experte en innovation pédagogique et cofacilitatrice de l’atelier. Un pitch qui se conclut par la présentation de quelques sources d’inspiration culturelles, afin de préparer encore davantage les participants aux prochaines étapes.
C’est l’étape de conception qui attend désormais les participants, répartis en deux sous-groupes de cinq personnes. Pour choisir le sujet sur lequel ils travailleront, le procédé est assez simple. Des cartes représentant plusieurs thématiques sont disposées au sol afin que chaque sous-groupe se positionne physiquement sur celles qui l’intéressent le plus. « Chaque groupe traitera une thématique. Allez-y à l’intuition et votez ! », lance Marianne Ruffié.
Une fois les thématiques choisies, les cartes sont retournées et dévoilent précisément la question de rupture proposée. L’une des cartes pose ainsi la question suivante : va-t-on basculer dans un monde où les compétences fondamentales et de survie vont devenir la priorité dans les offres de formation professionnelle ?
« Pour cet atelier, nous ne disposions que d’une demi-journée, habituellement c'est plutôt 2 jours. Nous avons donc fait le choix d’accélérer cette phase et de proposer aux participants des déclencheurs de scénario, qu’ils doivent habituellement formuler eux-mêmes », indique la directrice de projet. L’un des groupes a par exemple travaillé sur cette hypothèse : et si chaque collaborateur devait suivre une formation relevant de l’autonomie et de l’autosuffisance ?
Durant l’heure qui suit, les deux groupes se penchent sur la conception de leur artefact situé en 2050, avec pour objectif de matérialiser le scénario retenu. Le groupe qui travaillait sur les compétences de survie et d’autosuffisance met en scène un journal télévisé au cours duquel est présenté un parcours de formation en soins dédiés aux personnes et à la planète.
Il est temps pour les deux groupes de partager leur prototype, ou plutôt "provotype" en design fiction, une abréviation de prototypes provocants. La création de ces objets (au sens large) fictionnels a pour vocation de provoquer la réaction du public, à stimuler la réflexion critique et à ouvrir la discussion sur des futurs possibles. « Contrairement aux prototypes classiques, ils ne sont pas nécessairement fonctionnels ou même réalisables. L’idée est ici de concrétiser une réflexion, d’ébranler les certitudes, et de mettre en lumière des enjeux éthiques, sociaux, ou politiques », précise Mathilde Mignot.
S’ensuit la dernière étape de la méthode : la phase d’atterrissage. Les participants sont invités à prendre du recul, à discuter de ce qu’ils ont vu, et à formuler leurs propres positions. C’est une étape cruciale de prise de conscience, d’analyse, et de transfert, dans le présent, vers l’action ou l'innovation responsable. « Qu’est-ce qui a bougé en vous, ne serait-ce qu’un tout petit peu ? », demande Marianne Ruffié aux participants. Une façon de conclure l’atelier qui fait de nouveau la part belle à l’humain, aux émotions, et au collectif.
Opération impossible